Lorsque nous sommes confrontés au décès de la personne que l’on aime et avec laquelle nous avons partagé notre vie pendant des années ou quelques mois, la douleur est déchirante. Faire le deuil de l’autre et du couple. L’intimité qui créée le couple disparaît, et plus personne n’est témoin de cet amour qui nous unissait. Le deuil passe par un nouvel apprentissage du quotidien, des gestes ritualisés et tout ceci est à faire dans une étape de déconstruction de ce que l’on a toujours connu.
Nos émotions se bousculent et se heurtent à des questionnements internes:
- Comment réapprendre le quotidien sans l’être aimé?
- Dépasser son chagrin est-il possible?
- Que faire de tout mon amour?
A la vie, à l’amour
Le deuil de l’être aimé est d’une complexité sans nom, car sa blessure est souvent narcissique au sens où la personne que l’on aime n’est plus, et nous, qui sommes vivants, nous l’aimons encore. Que faire alors de ce trop-plein d’amour ? Nous avons tous tendance lorsque l’on aime à le rendre éternel, or, lorsque la mort arrive, elle emporte avec elle la personne de notre cœur, mais nous rappelle au passage que notre amour que l’on croyait tout puissant s’en va avec elle. Comme à chaque fois que nous sommes blessés, attaqués, humiliés, nous ripostons avec les moyens et limites que nous nous donnons. Cela peut être par les cris, les larmes, mais aussi le mutisme, la fuite. C’est grâce à notre lutte que nous créons notre propre voie qui conduit au souvenir.
Tout ce qu’il nous reste
Après un décès, on peine souvent à se rappeler des moments de joie, seuls les regrets, les paroles et actes manqués affluent en écume sur le rivage de notre chagrin. Quelques détails dénués de sens ponctuent notre esprit alors que nous voudrions l’accalmie, et l’emplir de douceur, de nostalgie et de poésie. Sans vraiment s’en rendre compte, sans vraiment savoir quand, ni pourquoi, nous nous remettons à sourire. Le sillon tracé sur notre joue par les larmes s’assèche. L’optimisme vient tracer la frontière entre ce qui est d’un côté le réel, le violent, le rapide, et de l’autre l’indicible, le précieux, l’invisible. Le deuil de l’Autre c’est réconcilier les mondes et accepter de devenir soi-même une partie du souvenir.
