Alors que tout ce qui entoure la mort est socialement tabou, nous nous retrouvons parfois démunis lorsqu’il s’agit d’aider un enfant à faire son deuil. Mourir révèle de l’échec dans notre société où tout est médicalisé. Il est alors plus simple de l’écarter pour ne pas la voir. Pourtant elle est bien présente, et le deuil qui l’accompagne tout autant.
Les questions que nous nous posons sont multiples :
- Comment annoncer le décès d’un proche à un enfant?
- Peut-on lui présenter le corps et le faire participer à la cérémonie?
- Comment transformer le chagrin en souvenir?
L’enfant, au cœur de la cérémonie
Les enfants ont longtemps été écartés à tort du processus des obsèques tout simplement parce que l’on pensait que leur peine pouvait être moindre et que l’on essayait de les épargner de la tristesse du moment de recueillement. Pourtant les enfants sont tout autant touchés par le chagrin qu’un adulte au moment du décès. En revanche, il n’a pas toujours la même manière de s’exprimer.
Malgré cela, nous n’incluons pourtant toujours pas les enfants dans les obsèques, non pas pour les épargner, mais parce que ne nous ne savons ni quoi faire ni quoi dire. Les inclure à l’organisation des obsèques n’est donc pas un automatisme. En concertation avec vous, les conseillers funéraires vous proposeront de faire participer votre enfant puisse poser un dessin, écrire un mot, déposer une fleur au moment de la cérémonie d’obsèques.
Nous avons tort de dire le deuil, il y a autant de deuils qu’il y a de chagrins, et surtout de manières différentes de réagir face à cela. Parlez en avec votre conseiller funéraire et votre maitre de cérémonie qui pourra, dans son éloge, faire participer activement l’enfant à l’hommage au défunt.
Voir et dire, appréhender les choses par le concret
Si n’y a pas de problème particulier sur le corps du défunt, et si c’est une demande faite par l’enfant, ce dernier peut tout à fait voir le corps du défunt. Tout comme les adultes, voir c’est aussi savoir, et enlève tout cet imaginaire sur ce qui pourrait être. Savoir précisément ce qui se passe derrière le chuchotement est aussi une manière de mieux appréhender le deuil.
Il est conseillé d’utiliser un langage le plus clair possible. Le mot « mort » même s’il dérange est conseillé. La langue française est assez riche pour utiliser un mot pour chaque chose. En voulant épargner l’enfant, on utilise volontiers des métaphores qui laissent planer le doute sur ces petits êtres à l’imagination très fertile. « Voyage » « disparu » « endormi » « parti » autant de termes qui ont du sens dans un tout autre contexte et qui risquent de créer une attente particulière chez l’enfant.
Bien sûr il faut aussi tenir compte de son âge et des croyances inhérentes à chaque famille. Nous ne parlerons pas de la mort de la même manière chez une famille pour qui la réincarnation ou le salut font partie de leurs valeurs morales que dans une famille athée où la mort représente une fin en soi. Dans les deux cas, il s’agit d’inscrire la mort dans un cycle.
Les phases de l’enfant endeuillé
Avant ses 5 ans, un enfant n’a pas de perception de la mort. Elle est davantage magique, tout comme dans un dessin animé ou dans un livre. Il pense que seul son désir peut faire ressurgir la personne qui n’est plus là. La fin ne veut rien dire et l’enfant la place davantage comme un cursus placé entre immortalité et invisibilité.
Entre 5 et 10 ans, un enfant commence à comprendre que la mort est quelque chose de définitif, et qu’il n’y a plus de mise en arrière possible. L’acceptation commence à se faire, et l’insertion à la vie réelle est plus palpable. Néanmoins, il y a toujours cette idée sous-jacente que la mort est un fait extérieur à nous, quelque chose qui vient nous prendre quelqu’un que l’on aime.
Au-delà de 10 ans, il est possible d’aborder la question du deuil avec des phases qui se rapprochent davantage de celle d’un adulte, même si cette notion de culpabilité reste encore très présente, la mort entre dans une phase d’acceptation. Le décès vient s’ajuster à la fin de l’enfant, c’est par conséquent un double deuil à ce niveau là également.
La capacité d’adaptation des enfants
Il est important de peser les mots prononcés et de l’inviter à s’exprimer sur ce qu’il ressent. Un enfant a une grande capacité d’adaptation et peut agit exactement comme si rien ne s’était passé. Souvent c’est pour ne pas ajouter de la peine à ses parents.
Il peut agir de la même manière qu’un adulte, c’est-à-dire par la colère ou le chagrin la fuite ou l’expression. Une question toute simple « quand papi va-t-il revenir » posée à table des mois après le décès, peut nous étonner et nous surprendre.
Au fil du temps nous traversons nos étapes de deuil. Il est possible que notre enfant lui, en soit resté au tout début, tout simplement parce que nous avons occulté sa manière propre de réagir.
Ce qu’il est possible de dire à l’enfant endeuillé
La vérité. Par des mots les plus simples et clairs et compréhensibles possibles. L’important c’est de faire comprendre que la mort fait partie de la vie, et que tout cela s’insère dans un cycle. La vérité passe aussi par le fait de lui dire que vous n’avez pas toutes les réponses aux questions, mais que quoiqu’il en soit, vous le comprenez.
Il est aussi important de le déculpabiliser, de lui faire comprendre qu’il n’est pas responsable du décès de la personne qu’il aime et que ni lui, ni les gens qui l’entourent ne risquent quelque chose. C’est d’autant plus important lors d’un suicide d’un parent direct.
Si sa notion du temps est encore floue, c’est là qu’il est important de ne pas dire que la personne « dort » car cela amènerait chez lui une angoisse au moment du coucher, non seulement du sien, mais aussi celui de sa famille. Il convient de lui rappeler qu’il est aimé et protégé. Cette étape est essentielle pour tous les enfants dont le frère ou la sœur est décédée et dont les parents se retrouvent dans un sentiment très complexe à ce moment-là.
Pour en savoir plus sur l’accompagnement du deuil et convenir de moments de participation de votre enfant lors des obsèques, contactez votre conseiller e-FUNERAIRE au 01 43 15 43 15.
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